Invitation au Voyage littéraire ou Aller voir les dragons

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Est-ce un des innombrables cafés de la vieille ville du Caire ou une scène d’un roman de Naguib Mahfouz?

16 juin 2020

Voir le monde, et puis, ayant vu le monde, dire sa vision du monde.

Victor Segalen

Je vous invite cet été à partir en voyage, littéraire. Quelques pays que nous visiterons ensemble au travers de la vision de ce pays que nous en transmettent leurs écrivains. Un écrivain ça n’a pas de pays ni de nationalité, certes, mais quand même… (pour participer, inscrivez-vous à la l’Infolettre)

Le Japon mis à part, je connais ces pays donc je pourrais avec vous confronter vision réelle et littéraire.

Et d’ailleurs, je vous propose de partir en voyage avec moi.

Voici le programme : 

– 9 juillet : Égypte (Naguib Mahfouz, Le Mendiant) et Japon (Yukio Mishima, Le marin rejeté par la mer)

– 13 août : France (dans l’embarras évident, j’ai choisi Colette pour parler conjointement, comme souvent en France, de littérature et de bouffe) – Allemagne (là aussi, dans la profusion j’ai opté pour Hermann Hesse et son contemplatif Voyage en Orient)

– 10 septembre : L’Afrique du sud (Nadine Gordimer, Un amant de fortune mais je veux parler de la nouvelle génération d’écrivains sud-africains que j’ai découverte sur place et dont j’ai parlé dans des articles de La Presse) et Cuba (dans aussi, dans l’embarras du choix j’ai retenu Alejo Carpentier, La harpe et l’ombre)

Car voyager en compagnie d’un écrivain est irremplaçable.

L’écriture en soi est un ailleurs, le livre par définition une invitation à dépasser des horizons connus, visibles ou pas, la littérature un voyage immobile, parfois – mais de fait quasiment jamais -, imaginaire. Parler de littérature et de voyage est donc une sorte de tautologie puisque voyage et littérature sont consubstantielles. Certes, mais c’est beaucoup plus que cela.

À l’origine, l’acte de transmission littéraire est né du désir d’un humain de relater ce qu’il avait vu en allant ailleurs. Ce sont parfois des romans mais dans la grande majorité des récits. C’est ce que rappelle Segalen dans la phrase ci-dessus qui constitue même sa justification d’oser faire œuvre littéraire… Ainsi donc, de L’enquête d’Hérodote (la propédeutique du genre) à Yvain de chevalier au lion de Chrestien de Troyes (1er roman de l’histoire littéraire occidentale), de Benjamin de Tudelle et Jean de Mandeville à Sylvain Tesson, jusqu’à (et en n’en citant que quelques-uns) Rousseau, Wharton, Lacarrière, Eberhardt, David-Néel, Bouvier, Monod, Moitessier, Blixen, Kerouac mais aussi Le Clezio ou Rufin… (et à propos de Rufin qui en a repris la direction, ne pas oublier la mythique collection Terre Humaine et Jean Malaurie qui l’a créée chez Plon) les écrivains parlent de pays mais la littérature, comme je le dis souvent dans mes cours, ce n’est pas le National Geographic. En littérature, il n’est de géographie qu’intérieure et symbolique.

Quant à moi, l’Ailleurs est au plus près de moi depuis ma naissance. Fidèle à mes grands-mères et à ma mère, j’ai choisi de vivre à l’étranger voire d’être éternellement étrangère (l’ai-je vraiment choisi… allez savoir). Car si j’ai ajouté un passeport canadien à mon passeport français, je n’en reste pas moins loin de chez moi. Mais ça va bien, je me suis organisée : j’ai plusieurs chez moi où je suis tout également chez moi, et surtout j’en est fait métier.

En déménageant récemment, j’ai retrouvé des émissions que j’avais conçues et animé lorsque j’étais à Radio-Canada : Bleue comme une orange (doublée d’une chronique hebdomadaire éponyme dans Le Devoir) et Les âmes pérégrines, où je confrontais déjà avec mes invités vécu réel et perception littéraire d’un pays ou d’une ville, ou en l’occurrence d’une pérégrination, un cheminement, un pèlerinage. Retrouver ces cassettes et les dossiers de recherche m’a fait sourire, je les avais complètement oubliés, mais pas leur contenu. Car leur contenu c’était et c’est toujours, ma vie. Ma vie : Ailleurs, Voyages, Langues, Écriture… ça demeure depuis toujours les structures fondamentales et solides de mon cheminement existentiel.

C’était vrai dans la collection Ici l’Ailleurs que j’ai dirigée 7 ans chez Leméac et publié 21 titres, dont ceux de grands écrivains québécois, et dont 3 titres sur 21 ont obtenu de grands prix littéraires… Ça avait été le cas de la collection Grand Angle que j’ai dirigé en France, 7 ans durant (aussi) aux éditions Dangles, une centaine de titres en psychologie, psychologie appliquée, traditions, religions, symbolisme, voyages avec de formidables titres qui ont obtenu des prix en France, mais aussi la traduction en français de best-seller internationaux dans le domaine (Julia Cameron, Debbie Shapiro mais aussi Océan de sagesse (alias le dalai-lama) ou Gandhi…). La soif de l’inconnu, de l’altérité, de la découverte mais aussi de l’aventure. Grande valeur motrice en ce qui me concerne.

Dans ces collections que j’ai dirigées j’ai publié moi aussi, et bizarrement, à chaque fois pour clore la collection : chez Dangles, Une vision inédite de votre signe astral, ma série d’astrologie (une réunion archétype par archétype des mythes et symboles relatif à cet archétype d’après six civilisations, donc très loin de l’horoscopie prédictive comme certains, qui ne les ont pas lus, ont pu imaginer. Parue en 1994, cette série s’est vendue à près de 800000 exemplaire en trois langues en vingt ans, puis j’en ai récupéré les droits. Chez Leméac, mon récit Ailleurs si j’y suis, écrit spécifiquement, lors d’une maladie grave qui m’a immobilisée à peu près 1 an) pour réfléchir à ma relation avec la France (mon ici devenu mon ailleurs) et Montréal (mon ailleurs devenu mon ici), mais aussi du féminisme, du cheminement de l’écrivain, et de mon goût pour le système fédéraliste.  

Ce goût d’ailleurs et d’altérité est au cœur de mon écriture aussi (cf ma bibliographie complète). Totalement. Les quelque 30 romans que j’ai publiés invitant tous dans un ailleurs géographique et parfois temporel et linguistique, mais surtout culturel et donc intérieur. Pas un exil. Un ailleurs : un dépassement de ses horizons connus et visibles. Un ailleurs où, ainsi qu’on le disait des territoires inconnus sur les cartes antiques, il y a peut-être des dragons… C’est irrésistible, un dragon.

Alors en attendant mon prochain nouveau roman… ensemble allons voir les dragons! Embarquez-vous pour ces Voyages littéraires?

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